man open (Appels systèmes) - Ouvrir ou créer éventuellement un fichier.
NOM
open, creat - Ouvrir ou créer éventuellement un fichier.
SYNOPSIS
#include <sys/types.h> #include <sys/stat.h> #include <fcntl.h> int open(const char *pathname, int flags); int open(const char *pathname, int flags, mode_t mode); int creat(const char *pathname, mode_t mode);
DESCRIPTION
L'appel-système open() sert à convertir un chemin d'accès en descripteur de fichier (un petit entier non négatif utilisable pour les opérations d'entrées/sorties ultérieures telles read, write, etc.). Lorsque l'appel-système réussit, le descripteur renvoyé sera le plus petit descripteur de fichier non encore ouvert pour le processus. Cet appel crée un nouveau descripteur, non-partagé avec les autres processus. Toutefois, le partage de fichiers ouverts peut se produire avec l'appel-système fork(2)). Le nouveau descripteur de fichier est configuré pour rester ouvert au travers des fonctions exec (voir fntl(2)). Le pointeur de position dans le fichier est placé à son début.
Le paramètre flags est l'un des éléments O_RDONLY, O_WRONLY ou O_RDWR qui réclament respectivement l'ouverture du fichier en lecture seule, écriture seule, ou lecture/écriture. À cette valeur peut être ajouté un ou plusieurs attributs avec un OU binaire :
- O_CREAT
- Créer le fichier s'il n'existe pas. Le possesseur (UID) du fichier est renseigné avec l'UID effectif du processus. Le groupe propriétaire (GID) du fichier est le GID effectif du processus ou le GID du répertoire parent (ceci dépend du système de fichiers, des options de montage, du mode du répertoire parent, etc.) Voir par exemple les options de montage bsdgroups et sysvgroups du système de fichiers ext2, décrites dans la page mount(8)).
- O_EXCL
- En conjonction avec O_CREAT, déclenchera une erreur si le fichier existe, et open échouera. On considère qu'un lien symbolique existe, quelque soit l'endroit où il pointe. O_EXCL ne fonctionne pas sur les systèmes de fichiers NFS. Les programmes qui ont besoin de cette fonctionnalité pour verrouiller des tâches risquent de rencontrer une concurrence critique (race condition). La solution consiste à créer un fichier unique sur le même système de fichiers (par exemple avec le PID et le nom de l'hôte), utiliser link(2) pour créer un lien sur un fichier de verrouillage et d'utiliser stat(2) sur ce fichier unique pour vérifier si le nombre de liens a augmenté jusqu'à 2. Ne pas utiliser la valeur de retour de link().
- O_NOCTTY
- Si pathname correspond à un périphérique de terminal - voir tty(4) -, il ne deviendra pas le terminal contrôlant le processus même si celui-ci n'est attaché à aucun autre terminal.
- O_TRUNC
- Si le fichier existe, est un fichier régulier, et est ouvert en écriture (O_RDWR ou O_WRONLY), il sera tronqué à une longueur nulle. Si le fichier est une FIFO ou un périphérique terminal, l'attribut O_TRUNC est ignoré. Sinon, le comportement de O_TRUNC n'est pas précisé. Sur de nombreuses versions de Linux, il sera ignoré ; sur d'autres versions il déclenchera une erreur).
- O_APPEND
- Le fichier est ouvert en mode « ajout ». Initialement, et avant chaque write, la tête de lecture/écriture est placée à la fin du fichier comme avec lseek. Il y a un risque d'endommager le fichier lorsque O_APPEND est utilisé, sur un système de fichiers NFS, si plusieurs processus tentent d'ajouter des données simultanément au même fichier. Ceci est dû au fait que NFS ne supporte pas l'opération d'ajout de données dans un fichier, aussi le noyau client est obligé de la simuler, avec un risque de concurrence des tâches.
- O_NONBLOCK ou O_NDELAY
- Le fichier est ouvert en mode « non-bloquant ». Ni la fonction open ni aucune autre opération ultérieure sur ce fichier ne laissera le processus appelant en attente. Pour la manipulation des FIFO (tubes nommés), voir également fifo(4). Ce mode n'a pas nécessairement d'effet sur autre chose que les FIFO.
- O_SYNC
- Le fichier est ouvert en écriture synchronisée. Chaque appel à write sur le fichier bloquera le processus appelant jusqu'à ce que les données aient été écrites physiquement sur le support matériel (voir la section RESTRICTIONS plus bas).
- O_NOFOLLOW
- Si pathname est un lien symbolique, l'ouverture échoue. Ceci est une extension FreeBSD, qui fut ajoutée à Linux dans la version 2.1.126. Les liens symboliques se trouvant dans le chemin d'accès proprement dit seront suivis normalement. Les en-têtes de glibc 2.0.100 et suivant contiennent une définition de cet attribut. Les noyaux antérieurs au 2.1.126 ignorent simplement cet attribut si vous l'utilisez.
- O_DIRECTORY
- Si pathname n'est pas un répertoire, l'ouverture échoue. Cet attribut est spécifique à Linux et fut ajouté dans la version 2.1.126 du noyau, pour éviter des problèmes de dysfonctionnement si opendir(3) est invoqué sur une FIFO ou un périphérique de bande. Cet attribut ne devrait jamais être utilisé ailleurs que dans l'implémentation de opendir.
- O_DIRECT
- Essayer de minimiser les effets du cache d'entrée-sortie sur ce fichier.
Ceci dégradera en général les performances, mais est utilisé dans des
situations spéciales, lorsque les applications ont leur propres caches.
Les entrées-sorties dans le fichier se font directement depuis l'espace
utilisateur, elles sont synchrones (à la fin de
read(2)
ou
write(2),
les données ont obligatoirement été transférées). La taille des transferts,
l'alignement du buffer et la position dans le fichier doivent être des
multiples de la taille de blocs logiques du système de fichiers.
Une interface à la sémantique similaire pour les périphériques de type bloc est décrite à la page raw(8). - O_ASYNC
- Déclencher un signal (SIGIO par défaut, mais peut être changé via fcntl(2)) lorsque la lecture ou l'écriture deviennent possibles sur ce descripteur. Ceci n'est possible que pour les terminaux, pseudo-terminaux et sockets. Voir fcntl(2) pour plus de détails.
- O_LARGEFILE
- Sur les systèmes 32 bits qui supportent les Systèmes de Fichiers Larges, autoriser quand même l'ouverture des fichiers dont la taille ne peut pas être représentée sur 31 bits.
Certains de ces attributs optionnels peuvent être modifiés par la suite avec la fonction fcntl.
L'argument mode indique les permissions à utiliser si un nouveau fichier est créé. Cette valeur est modifiée par le umask du processus : la véritable valeur utilisée est (mode & ~umask). Notez que ce mode ne s'applique qu'aux accès ultérieurs du fichier nouvellement créé. L'appel open qui crée un fichier dont le mode est en lecture seule fournira quand même un descripteur de fichier en lecture et écriture.
Les constantes symboliques suivantes sont disponibles pour mode :
- S_IRWXU
- 00700 L'utilisateur (propriétaire du fichier) a les autorisations de lecture, écriture, exécution.
- S_IRUSR (S_IREAD)
- 00400 L'utilisateur a l'autorisation de lecture.
- S_IWUSR (S_IWRITE)
- 00200 L'utilisateur a l'autorisation d'écriture.
- S_IXUSR (S_IEXEC)
- 00100 L'utilisateur a l'autorisation d'exécution.
- S_IRWXG
- 00070 Le groupe a les autorisations de lecture, écriture, exécution.
- S_IRGRP
- 00040 Le groupe a l'autorisation de lecture.
- S_IWGRP
- 00020 Le groupe a l'autorisation d'écriture.
- S_IXGRP
- 00010 Le groupe a l'autorisation d'exécution.
- S_IRWXO
- 00007 Tout le monde a les autorisations de lecture, écriture, exécution.
- S_IROTH
- 00004 Tout le monde a l'autorisation de lecture.
- S_IWOTH
- 00002 Tout le monde a l'autorisation d'écriture.
- S_IXOTH
- 00001 Tout le monde a l'autorisation d'exécution.
Le mode devrait toujours être indiqué quand O_CREAT est dans les attributs flags, (il est ignoré dans les autres cas).
creat est équivalent à open avec l'attribut flags égal à O_CREAT | O_WRONLY | O_TRUNC.
VALEUR RENVOYÉE
open et creat renvoient le nouveau descripteur de fichier s'ils réussissent, ou -1 s'ils échouent, auquel cas errno contient le code d'erreur. Notez que open peut ouvrir des fichiers spéciaux mais creat ne peut pas en créer, il faut utiliser mknod(2) à la place.
Sur les systèmes de fichiers NFS, où la correspondance d'UID est activée, open peut renvoyer un descripteur de fichier alors qu'une requête read(2) par exemple sera refusée avec le code d'erreur EACCES. En effet, c'est parce que le client a effectué open en vérifiant les autorisations d'accès, mais la correspondance d'UID est calculée par le serveur au moment des requêtes de lecture ou d'écriture.
Si un fichier est créé, ses horodatages atime, ctime, mtime sont fixés à l'heure actuelle, ainsi que ctime et mtime du répertoire parent. Sinon, si le fichier est modifié à cause de l'attribut O_TRUNC, ses champs ctime et mtime sont remplis avec l'heure actuelle.
ERREURS
- EEXIST
- pathname existe déjà et O_CREAT et O_EXCL ont été indiqués.
- EISDIR
- On a demandé une écriture alors que pathname correspond à un répertoire (en fait, O_WRONLY ou O_RDWR ont été demandés).
- EACCES
- L'accès demandé au fichier est interdit, ou l'un des répertoires du chemin pathname ne permet pas de consultation, ou le fichier n'existe pas mais le répertoire parent ne permet pas l'écriture.
- ENAMETOOLONG
- pathname est trop long.
- ENOENT
- O_CREAT est absent et le fichier n'existe pas. Ou un répertoire du chemin d'accès pathname n'existe pas, ou est un lien symbolique pointant nulle part.
- ENOTDIR
- Un élément du chemin d'accès pathname n'est pas un répertoire, ou l'attribut O_DIRECTORY est utilisé et pathname n'est pas un répertoire.
- ENXIO
- O_NONBLOCK | O_WRONLY est indiqué, le fichier est une FIFO et le processus n'a pas de fichier ouvert en lecture. Ou le fichier est un noeud spécial et il n'y a pas de périphérique correspondant.
- ENODEV
- pathname correspond à un fichier spécial et il n'y a pas de périphérique correspondant.
- EROFS
- Un accès en écriture est demandé alors que pathname réside sur un système de fichiers en lecture seule.
- ETXTBSY
- On a demandé une écriture alors que pathname correspond à un fichier exécutable actuellement utilisé.
- EFAULT
- pathname pointe en dehors de l'espace d'adressage accessible.
- ELOOP
- pathname contient une référence circulaire (à travers un lien symbolique), ou l'attribut O_NOFOLLOW est indiqué et pathname est un lien symbolique.
- ENOSPC
- pathname devrait être créé mais le périphérique concerné n'a plus assez de place pour un nouveau fichier.
- ENOMEM
- Pas assez de mémoire pour le noyau.
- EMFILE
- Le processus a déjà ouvert le nombre maximal de fichiers.
- ENFILE
- La limite du nombre total de fichiers ouverts sur le système est atteinte.
NOTE
Sous Linux, le drapeau O_NONBLOCK indique que l'on veut ouvrir mais pas nécessairement dans l'intention de lire ou d'écrire. Il est typiquement utilisé pour ouvrir des périphériques dans le but de récupérer un descripteur de fichier pour l'utiliser avec ioctl(2).
CONFORMITÉ
SVr4, SVID, POSIX, X/OPEN, BSD 4.3. Les attributs O_NOFOLLOW et O_DIRECTORY sont spécifiques à Linux. Il faut définir la constante symbolique _GNU_SOURCE pour avoir leurs définitions. L'effet (indéfini) de O_RDONLY | O_TRUNC varie suivant les implémentations. Sur de nombreux systèmes, le ficier est effectivement tronqué.
L'attribut O_DIRECT a été introduit par SGI IRIX, qui a des restritions d'alignement identiques à Linux. IRIX a aussi un appel fcntl(2) pour obtenir les alignements et tailles appropriés. FreeBSD 4.x a introduit un attribut du même nom, mais sans les restrictions d'alignement. Le support a été ajouté dans Linux 2.4.10. Les noyaux plus anciens ignorent simplement cet attribut.
BOGUES
« Ce qui m'a toujours dérangé avec O_DIRECT est que toute l'interface est stupide et a probablement été conçue par un singe dérangé, sous l'influence de substances psychotropes puissantes ». -- Linus.
RESTRICTIONS
Plusieurs problèmes se posent avec le protocole NFS, concernant entre autres O_SYNC, et O_NDELAY".
POSIX fournit trois variantes différentes des entrées/sorties synchronisées correspondant aux attributs O_SYNC, O_DSYNC et O_RSYNC. Actuellement (2.1.130) elles sont toutes équivalentes sous Linux.
VOIR AUSSI
read(2), write(2), fcntl(2), close(2), link(2), mknod(2), mount(2), stat(2), umask(2), unlink(2), socket(2), fopen(3), fifo(4)
TRADUCTION
Christophe Blaess, 1996-2003.